Expédition Andes Argentines, vallée Rio Colorado, octobre 2024




26 octobre. Déplacement en bus pour El Chalten


Départ du bus d'El Calafate à 8 heures pour El Chalten. Le temps est relativement beau, nuageux avec des éclaircies, ce qui est une chance dans cette région. Je vais ainsi pouvoir avoir une bonne visibilité sur les paysages que nous allons traverser. 

Nous longeons tout d'abord, à son sud, le gigantesque lac Argentino (1 000 km2) jusqu'à son extrémité ouest, où nous rejoignons la mythique Route 40. Celle-ci s'étend sur 4 900 kilomètres, de la frontière bolivienne jusqu'à la ville de Rio Gallegos au nord du détroit de Magellan.

Nous franchissons le Rio Santa Cruz, rivière qui prend sa source dans le lac Argentino et qui traverse, d’ouest en est, l'Argentine pour se jeter dans l'océan Atlantique. Puis, nous remontons plein nord la Route 40 pour rejoindre l'extrémité ouest du lac Viedma. Nous quittons alors la route 40 pour nous diriger plein ouest en direction de la chaîne des Andes, en longeant à son nord le lac Viedma.

Durant ces deux ou trois premières heures de trajet, nous avons traversé des paysages monotones et sans fin, aux couleurs sombres, des plaines vallonnées et perturbées sans végétation. Peu de vie sur cette terre aux confins du monde, hormis quelques estancias, et quelques troupeaux de bovins, des chevaux, et des guanacos. « Dieu parle dans les déserts » est le titre d'un livre de mon grand-père, l'explorateur François Balsan. Ici, la pampa de Patagonie, autre terre de solitude, inspire la nostalgie et le néant. Mais c'est une toute première impression qui envahit l'esprit. Car, tout d'abord, Dieu est universel et présent partout. Et, rapidement, la fascination reprend le dessus, face à la dynamique et la force d'une nature engagée dans une lutte de chaque instant pour sa survie, face à un climat rude et des vents enragés qui l'agressent en permanence.

Nous nous rapprochons progressivement des montagnes de la chaîne des Andes. Un bref aperçu du front du glacier Viedma qui se jette dans le lac du même nom, sur son autre rive. Les vues sur les sommets de Patagonie sont spectaculaires. L'emblématique Fitz Roy, du nom du marin qui conduit Darwin dans la région, apparaît à nos yeux lorsque nous entrons, vers 11 h 30, dans El Chalten.

Le bus s'arrête à l'entrée du village, dans un bâtiment qui abrite le bureau du parc national. Un garde nous présente les trekkings classiques, et donne des consignes de sécurité et de respect de la nature. Il nous précise que les conditions météo sont inhabituellement correctes ces jours-ci. À voir, car l'après-midi fut ventée, le ciel couvert, et pas de visibilité sur les montagnes.

Je trouve refuge dans un dortoir de quatre lits. Le soir, j'ai la surprise et la joie de croiser Carlitos, jeune ami argentin qui était avec nous en 2013 dans la cordillère Quimsa Cruz. Il vient de passer un an et demi dans les Alpes, où il a réalisé de nombreuses ascensions (trois voies dans la face N des Grandes Jorasses, faces N Cervin et Eiger, intégrale Peuterey, etc.) ; nous l'avons accueilli à plusieurs reprises. Il nous accompagnera jusqu'au camp de base et nous aidera au portage pour cette expédition.

 

Henry Bizot