Ciné-conférence Explorations dans la chaîne Trans Alaï, 3 février 2024, Forum des images, Paris 1er




4 novembre. El Chalten


Nouvelle journée à El Chalten, notre camp de base.

La météo n’annonçaitpas du beau temps pour aujourd'hui… grand beau l'après-midi et pas de vent ! 

Nous prévoyons de repartir vendredi dans les montagnes, car il y aurait une fenêtre météo lundi et mardi matin. Nous pourrions approcher la montagne vendredi, samedi, et dimanche, afin de pouvoir faire l'ascension lundi. À confirmer suivant les évolutions.

J'ai profité de ce ciel dégagé de l'après-midi, pour me rendre en vélo sur un point haut afin de prendre des films du Fitz Roy et du cerro Torre. Même si la position du soleil était loin d'être idéale (en fait mieux vaut venir le matin pour prendre des photos ou des films de ce point haut), je n'ai pas voulu laisser passer cette opportunité.

Puis j'ai poursuivi mon périple sur le deux-roues pour aller voir l'estancia d'un pionnier des terres australes, le danois Andreas Madsen. J’ai eu la chance de rencontrer son arrière-petit-fils, Fitz Roy Madsen. Ce dernier me fait visiter sa maison.

Je me rends, à vélo, à trois kilomètres du centre d'El Chalten dans la vallée de La Vueltas, au bord de la rivière du même nom. Au pied d'une butte, avec en toile de fond le Fitz Roy, une cabane toute simple attire le regard, elle est située au sein d'une propriété verdoyante entourée d'une barrière en bois. C'est dans ce petit coin de paradis totalement isolé et loin de tout, que le danois Andréas Madsen, un véritable pionnier des terres australes, est venu s'installer au début du siècle dernier, avec sa femme. Quatre enfants, trois garçons et une fille y naîtront et y seront élevés. Il faut rappeler que le village d'El Chalten n'existait pas à l'époque, et que la première ville devait se situer à quelques centaines de kilomètres.

Au moment où j'arrive, un véhicule 4X4 quitte la propriété, avec à son bord un homme d'une trentaine d'années. Nous engageons la conversation, il s'appelle Fitz Roy Madsen, le troisième du nom, et est l'arrière-petit-fils d'Andreas. Il vit dans l'estancia de son ancêtre, qu'il remet en état, car elle a été abandonnée de nombreuses années. Il me propose de faire une courte visite de son gite. La maison est en pleins travaux, mais je peux imaginer la vie particulièrement rude et vétuste menée par cette famille au début du siècle dernier, dans ce coin perdu et isolé. Ils auront un troupeau de plus de 2 000 moutons.      

Cet Andreas Madsen est un personnage assez fascinant, comme d’ailleurs tous ces pionniers venus s'installer, pour des raisons diverses, dans ces terres du bout du monde. S'y installer, et y vivre ainsi à l'écart du monde et loin de tout, en autonomie totale sur tous les plans, devait exiger un sacré tempérament, une débrouillardise hors du commun, et un goût avéré, tout du moins une acceptation, de la solitude.

Henry Bizot