Ciné-conférence Explorations dans la chaîne Trans Alaï, 3 février 2024, Forum des images, Paris 1er




24 août : arrivée à Och


Dimanche 24 août à 3 h 55 du matin, sous une forte et lourde chaleur, notre avion atterrit dans la partie kirghize de la vallée de Ferghana, sur l'aéroport d'Och. Och, ou Osh, est une ville de plus d'un million d'habitants, située à proximité de la frontière avec l'Ouzbékistan. Surnommée la capitale du sud, elle est la deuxième ville du pays, après Bichkek, la capitale du nord, et aussi la capitale du pays. 

La petite anecdocte de l'arrivée. À cette heure très matinale de ce dimanche, la file de passagers, dont je fais partie, attend patiemment, et à moitié endormie, de passer la douane... quand, brusquement, une vingtaine de femmes, habillées aux riches couleurs locales, la plupart lourdement chargées de divers ballots et sacs, double par la gauche la file, puis, avec une assurance très sereine, elles mettent tout en oeuvre, poussant, s'infiltrant, ... pour être les premières à passer la douane... sous les yeux pour le moins interloqués de tous, néanmoins amusés, des étrangers.

Ici quatre heures de décalage, en plus, par rapport à la France
J'ai pu trouver un accès internet, qui me permet d'apporter quelques informations sur mon site. Écrire sur cette machine kirghize, d'une génération très ancienne, est très fastidieux.
Je profite de cette journée supplémentaire non prévue, pour découvrir Och.
Nikolaï devrait, a priori, arriver ce soir. 

Dans la matinée, je me rends en taxi sur la colline qui domine la rive ouest de la rivière Ak Buura. Aibek, mon jeune chauffeur de taxi de 24 ans, qui parle un peu l'anglais, m'explique que ce site attire de nombreux pélerins d'Asie centrale. Ils viennent se recueillir sur cette colline, appelée "rocher de Suleyman" en l'honneur de ce grand prophète qui serait venu y prier. 
Nous empruntons l'artère principale de cette ville, construite toute en longueur, de part et d'autre de la rivière Ak Buura. Les rues, bordées de maisons d'un à deux étages, sont propres et ombragées. Par certains aspects, la ville me rappelle un peu Mendoza en Argentine. L'ambiance y est calme, les habitants apparaissent souriants et accueillants. Pourtant, la région a été le théâtre de fortes tensions - la dernière en 2010 - entre les Kirghizes et les Ouzbeks, qui sont majoritaires à Och... conséquence du découpage du Turkestan russe par Staline.

J'accède à pied sur le point touristique de la colline, où se trouvent deux musées, malheureusement fermés à cette heure. Ce site offre un point de vue panoramique spectaculaire sur la ville d'Och. Malgré un soleil voilé, on peut distinguer, au loin, les montagnes dénudées qui entourent la ville. Cette dernière apparaît très verdoyante, les rues sont bordées d'arbres, qui protégent les habitants des fortes chaleurs estivales.
L'après midi, je recontacte Aibek qui m'a laissé ses coordonnées, afin qu'il me conduise au bazar d'Och. Le bazar est l'âme des villes d'Asie centrale, et j'ai entendu dire que celui d'Och est l'un des plus grands et des plus caractéristiques. J'avais eu l'occasion de parcourir ceux de Samarkand et de Kashgar, respectivement en 1994 et 1996. Nous marchons dans les allées étroites du bazar, parmi les étalages, soigneusement rangés, disposant de produits très divers en provenance de différentes régions d'Asie : sacs, valises, vêtements, chemises, nourriture, épices, etc. Il paraît absolument gigantesque, nous y croisons des Kirghizes et des Ouzbeks, les yeux tirés en forme d'amande. Les Ouzbeks sont coiffés du traditionnel kalpak en forme de montagne, ce chapeau blanc en feutre, en forme de montagne, de forme conique dont les bords sont retournés. Nous prenons un thé dans une tchaikana, un salon de thé local. Nous engageons la conversation avec un Kirghize d'un certain âge, Aibek étant lui-même de cette ethnie. J'avais appris le russe lorsque j'étais en classes préparatoires,  il y a longtemps... n'ayant pas eu l'occasion de pratiquer cette langue depuis des années, je suis incapable de soutenir une conversation. 
Nous passons ensuite par le parc Toktogul, qui longe la rivière, un parc ombragé où l'on trouve des animations de fête foraine, des joueurs d'échecs, des tchaikanas, des vendeurs de glaces, etc. Aibek m'explique que les habitants d'Och aiment venir y déambuler, ils apprécient la fraîcheur qui y règne.