Ciné-conférence Explorations dans la chaîne Trans Alaï, 3 février 2024, Forum des images, Paris 1er




Conclusion


En résumé, au cours de cette expédition, se sont enchaînés les déboires :  

Par-dessus tout, on n’a pas pu rentrer dans la vallée Altyn Daria, bloqués au poste militaire à l’entrée de cette dernière. L’agence locale de Bichkek, qui devait nous obtenir le permis d’entrée (en plus du véhicule et son conducteur), a récupéré un document à l’arrache, au dernier moment, la veille de notre passage sur ce contrôle militaire – l’agence francophone, avec qui j’étais en contact étroit depuis deux ans, m’avait pourtant assuré que ce document devait être récupéré à Daroot Korgon la veille de ce passage, alors qu’en fait c’était à Bichkek et bien avant. j’ai entendu au moins trois semaines. De plus, le document qu’elle avait obtenu en urgence n’était pas valable, car pas conforme, pas signé au bon endroit ; de plus il manquait deux signatures de niveau supérieur. Les négociations de l’agence, du conducteur et de son boss par téléphone, et aussi les nôtres, avec le commandant du poste, n’ont abouti à rien ; ce dernier nous a assuré que c’était non négociable, car en nous laissant passer, il engagerait sa responsabilité, et s’il advenait quelque chose lors de notre séjour, il serait tenu pour responsable. 

C’est un manque de sérieux et de professionnalisme assez stupéfiant de la part de cette agence. 

Immense déception, après toute cette préparation de plus d’une année !

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Bref, on ne s’attarde pas plus, changement de plan, on regagne l’auberge afin de pouvoir nous connecter à internet, avec plus ou moins de difficultés, et rechercher, sur les cartes Google Earth, une autre vallée. Nous optons pour une autre vallée, appelée Kichkesuu – que je connaissais pour y être allé en 2014 avec Nikolaï et Sacha. J’ai en tête des idées d’ascensions possibles. 

Dès la fin d’après-midi, déplacement en véhicule vers la vallée Kichkesuu. Après deux heures de route cabossée, entrée dans la plaine de l’Alaï. Le terrain est complexe, avec des montées et des descentes à travers la prairie, des traversées de rivières, etc., Le 4x4 souffre. À la tombée de la nuit, nous sommes à deux  kilomètres à vol d’oiseau de notre destination. Nous décidons de nous arrêter en pleine prairie, pour ne pas endommager le véhicule, et passons une courte nuit dans nos sacs de couchage. 

Lendemain matin, vers 6 heures, nous redécollons, et parvenons enfin à rejoindre l’emplacement du camp de base où nous étions en 2014 avec Nikolaï et Sacha, à proximité de l’entrée de la vallée Kichkesuu, et au bord de la rivière du même nom. 

Départ immédiat vers 8 heures avec Gabriel, nos sacs bien chargés ; entrée dans la vallée Kichkesuu, puis montée jusqu’à un camp d’altitude à 4 000 mètres. La nuit, apparition d’une forte gastro, aux effets épuisants, et persistante (six jours après, elle perdure) ; ce n’est pas faute d’avoir été vigilant sur les règles d’hygiène alimentaire. 

Redescente au camp de base. 

La nuit, Yan, routeur qui m’envoie chaque jour par téléphone satellite le bulletin depuis Chamonix, me précise que les prévisions météo ne sont pas bonnes durant les jours qu’il nous reste, instabilité avec vents et chutes de neige. 

Tout cumulé, nous décidons avec Gabriel de redescendre à Och. Décision pas évidente.

Et pour couronner le tout, ce qui ressemble fortement à une tentative d’escroquerie de la part de notre prestataire aérien, Gotogate. Dès notre retour à Och, il nous a fallu deux jours et nombre de tractations, de la part de Véronique en France par téléphone, et de moi-même au Kirghizstan par courriel, pour que finalement, à quelques heures du départ de l’avion, tout revienne dans l’ordre, de manière totalement mystérieuse et sans aucune explication… !

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Dans ce contexte de mésaventure, un peu de baume au cœur…

Lors de notre retour en véhicule dans la plaine de l’Alaï, nous passons une journée dans un camp de nomades kirghizes, pour y rencontrer des familles. Leurs yourtes et leurs troupeaux de chevaux, moutons, yacks…, au sein de cette steppe qui s’étend à l’infini à l’est et à l’ouest, forment un tableau majestueux, qui restera bien gravé dans ma mémoire. Et quel bonheur de découvrir, à notre époque, ces nomades kirghizes, qui ont su maintenir à tout prix, malgré les difficultés traversées, leur vie traditionnelle ! Une vie très certainement rude, mais en pleine immersion dans la nature. Une vie hors du temps, faite de simplicité, de rusticité et d’abnégation.

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En conclusion, ce fut une expédition inachevée, malheureuse, avec son lot de malchance.

Je ramène quand même des images qui vont me permettre d’améliorer encore les deux films des expéditions de 2014 et 2019. En vue de la prochaine ciné-conférence bénévole que je prévois à Paris début-2024, au profit intégral d’un projet caritatif à préciser.

 

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