Nous avons remonté le glacier durant une heure environ. En 2019, avec Nikolaï, nous avions découvert ce glacier, pas d'exploration préalable connue. Depuis, selon les informations que j'ai pu recueillir, il n'a pas été reparcouru.
Le glacier a bien reculé depuis 2019 !
Les bulletins météo de Yan indiquent du beau temps pour aujourd'hui et demain. Mais ils nous indiquent aussi que l'isotherme 0°C est à 6500 m, donc particulièrement élevée, du jamais vu ! De ce fait, les faces sont en glace bien noire et peu fournie, les risques de chutes de pierres sont importants. La voie que nous avions gravie en 2019, baptisée Espérance, s'est détériorée, les crevasses qui la sillonnent semblent plus ouvertes.
Compte tenu de ces conditions, et aussi des créneaux de montée et de descente que nous devons respecter avec ces températures, notre analyse de la situation est la suivante :
- Le sommet coté 5080 sur notre carte Google Earth, situé au sud du glacier est inenvisageable dans ces conditions. Le seul itinéraire d'ascension qui nous semble possible comprend une face qui débouche sur une arête, cette dernière conduit au sommet. La face est en glace noire, fine, de plus elle est parcourue de chutes de pierres. Sa redescente serait particulièrement dangereuse voire impossible.
- Le sommet coté 5402 m sur notre carte Google Earth, situé au sud-ouest du glacier, ne nous semble de même pas envisageable dans ces conditions. Pour le gravir, il nous faudrait remonter la face au fond du glacier, puis déboucher sur l'arête. Cette dernière, longue d'un kilomètre, conduit au sommet. Nous ne préférons ne pas nous y aventurer car nous risquons fort de redescendre la face trop tardivement dans la matinée.
- Le sommet coté 5284 m sur notre carte Google Earth, situé au nord du glacier, est un véritable tas de cailloux. En 2019, avec Nikolaï, nous étions montés jusqu'à 100 à 200 m du sommet pour nous acclimater. Une montée horrible, sans aucun intérêt, hormis de nous faire perdre beaucoup d'énergie.
Un seul sommet de plus de 5000 m nous semble envisageable : celui situé tout au fond du glacier, à environ 3 km du camp 2. En effet, sa face parait plus fournie en glace, et la partie centrale de cette dernière moins exposée aux chutes de pierres. De plus, en partant vers 2h30, nous devrions pouvoir effectuer la descente avant que le soleil ne frappe de plein fouet la face. Nous décidons de nous rendre à son pied le lendemain dans la nuit, d'aviser, et si nous estimons que c'est faisable, de tenter son ascension.